Expédition “Eclipse solaire Féroé 2015”

Lettre d’Olivier, Maguy et Elouan

du 19 mars 2015



sauzereau@wanadoo.fr

 

H - 22 heures ! Cette nuit, réveil pratiquement toutes les heures pour vérifier l’état du ciel pour éventuellement faire des images du paysage sublime devant lequel nous passons la nuit dans le 4 x 4 avec le ciel étoilé et… pourquoi pas une aurore polaire. Mais il a plu toute la nuit et le réveil se fait sous un ciel totalement couvert et le sommet des montagnes est de nouveau enneigé. Nous sommes ce matin dans ce qui est devenu notre «PC éclipse», le café Frida à Klaksvik, où nous profitons de la wifi. Les prévisions météo pour demain semblent laisser un espoir avec cependant des passages pluvieux. Le cœur bat lorsque j’ouvre les différents sites météo.

Le questionnement d’un ami, juste avant notre départ de Nantes pour Féroé, me revient en tête : “Ça t’apporte toujours quelque chose d’aller si loin observer une éclipse ?”

C’est une question qui revient parfois de certaines personnes, et je suis alors toujours désarçonné devant une telle interrogation, surtout lorsqu’elle est faite comme cette fois-là avec une moue dubitative. Je réponds que c’est l’un des plus beaux spectacle de la nature. Je décris l’ambiance de cette nuit magique de quelques minutes en plein jour, la réaction des animaux, souvent totalement apeurés. Mais pour certaines personnes, rien n’y fait. Faire des milliers de kilomètres pour aller contempler quelques minutes d’un phénomène, avec la probabilité non négligeable de ne rien voir à cause de la météo, est pour certain quelque chose d’aberrant.

Réveil ce matin face à l’ile de Kalsoy.

Et pourtant ! Demain, ce sera ma dixième éclipse centrale de Soleil, et l’excitation est aussi forte que la première fois, c’était en juillet en 1990 en Finlande. Un voyage que j’avais alors fait à l’époque en Mini Austin depuis Nantes, en y dormant 44 nuits d’affilée ! Depuis, je suis allé contempler ce moment cosmique aux quatre coins de la planète. Mais finalement, pourquoi tout cela ? Parce qu’une éclipse, c’est aussi une formidable occasion de voyager, d’aller dans des lieux dictés par les lois de la mécanique céleste mais que nous n’aurions pas choisi de prime abord. C’est aller à la découverte du monde et faire des rencontres que, parfois, seule la magie de l’éclipse permet. Je pense en particulier à l’éclipse annulaire de janvier 2009 que nous sommes allés observer avec Maguy à Sumatra en Indonésie. Après plusieurs jours de recherche du site idéal d’observation, nous avions finalement atterri dans un petit village, face au volcan Krakatoa. Les villageois ignoraient qu’il allait y avoir une éclipse et nous avons vécu une situation digne de Tintin au Temple du Soleil. Nous avons offert plein de lunettes spéciales éclipses et la population a contemplé avec nous le phénomène. Une rencontre humaine inoubliable. Partir observer une éclipse, c’est faire un voyage pour le voyage, et aussi finalement apprendre à se connaitre soi-même.

Nous sommes à 22 heures de l’éclipse du 20 mars 2015. Demain, à la même heure, ce sera l’enthousiasme, ou un constat d’échec. Et il faut bien reconnaitre que pour cette éclipse, il y a plus de chance de ne rien voir pour cause de nuages que de voir quelque chose. Cela m’est arrivé deux fois. La première, c’était la fameuse éclipse de 1999 en France. La seconde, en juillet 2009 en Chine. Autant l’échec de 1999 a été sur le moment extrêmement dur à vivre, parce que tellement attendu depuis si longtemps, depuis mes débuts en astronomie en 1979, autant celle de 2009 en Chine avait un certain «panache»! Faire 40 000 km, aller/ retour, pour constater le recouvrement du Soleil par un nuage cinq minutes avant la totalité, je trouve que cela a de la “gueule” ! Et puis, il est important de vivre des échecs dans la vie, cela ne fait que sublimer les moments de réussite.

Si les météores nous empêchent de contempler le phénomène céleste de demain, ce voyage restera de toutes façons marqué pour toujours dans nos mémoires par les moments extraordinaires que nous aurons vécu au milieu de paysages d’une beauté stupéfiante. Et puis, c’est le première grande aventure d’Elouan, et nous nous surprenons à découvrir pratiquement chaque jour en lui des évolutions et des progrès ! Nul doute qu’une telle expédition à bord d’un Land Cruiser aménagé, dans des paysages magnifiques, à côtoyer chaque jour de nouvelles situations ne peuvent être que stimulantes pour lui.



Eclipse totale de Soleil du 1er août 2008 en Sibérie. Photographie faite à la chambre photographique Sinar. © Olivier Sauzereau

Jeune indonésien observant avec des lunettes que nous avions bricolées pour l’éclipse annulaire de Soleil du  26 janvier 2009, depuis Kalienda, en Indonésie. Le sourire de cet enfant symbolise la richesse d’une telle rencontre et le contexte de cette extraordinaire observation.

Pour découvrir mon site internet


www.sauzereau.net


Pour découvrir le site internet

des Bêcheurs d’étoiles


www.Becheurs-dEtoiles.net

La presse en parle !

Premiers articles de presse sur les Bêcheurs d’étoiles aux Féroé. Vous pouvez cliquer sur les articles pour les agrandir !

Ces derniers jours sur Féroé auront été consacrés à la recherche du site d’observation de l’éclipse, nous permettant ainsi d’aller d’une ile à une autre et de découvrir en profondeur l’archipel. Le repérage sur l’ile la plus orientale, l’ile de Svinoy, a nécessité de prendre le bateau qui, une fois par jour, ravitaille cette petite ile avec ses quelques dizaines d’habitants. Une traversée extraordinaire (nous étions les seuls touristes !), sur une mer plutôt calme mais avec un vent d’une puissance tellement stupéfiante qu’il soulevait à une hauteur de plusieurs dizaines de mètres des masses d’eau de mer.


Finalement, le premier site potentiel est, jusqu’à présent, le meilleur et c’est là, à priori, que nous serons demain matin pour observer l’éclipse. Tout le monde ne parle que de cela. La radio, la télé, les journaux, les gens que nous croisons… Tout le monde sur Féroé semble retenir son souffle pour demain matin !

Elouan contemple les falaises de Vidoy depuis le hublot du bateau qui nous emmène sur l’ile de Svinoy.

Le vent est d’une telle violence qu’il soulève des montagnes d’eau de mer sur plusieurs dizaines de mètres de hauteur !

Panorama de l’ile de Kunoy. N’hésitez pas à cliquer sur l’image.

La falaise de 600 mètres de hauteur de l’ile de Fugloy plonge dans l’océan glacial. C’est l’aube, le Soleil va se lever.

L’équipe dans le port de Klaksvik.